Webinaire – Entre inclusion ou exclusion quelle place des communautés dans la gouvernance des écosystèmes ?

Selon l’Unesco en 2006 : « Les savoirs traditionnels sont liés à l’ensemble des connaissances, savoir-faire et représentations des peuples ayant une longue histoire avec leur milieu naturel. Ils sont étroitement liés au langage, aux relations sociales, […] et sont généralement détenus de manière collective. Trop souvent, [ils] sont simplement considérés comme de pâles reflets des savoirs dominants et ce, particulièrement dans le domaine des sciences. »

On appellera donc « savoir endogène », dans une configuration culturelle donnée, une connaissance vécue par la société comme partie intégrante de son héritage.

Dans le littoral ouest africain, on assiste à la multiplication des dispositifs visant la protection et/ou la régénération des ressources naturelles (parcs naturels, aires marines et terrestres 5 protégées communautaires, conventions locales, APAC, Réserves de Biosphères…) et à l’affirmation de nouvelles catégories d’acteurs dans ce domaine : les ONG et le secteur privé.

Au Sénégal, une quarantaine de « forêts classées », recouvrant 200 000 hectares, soit environ 10% de la superficie de la basse et moyenne Casamance, sont ainsi créées entre 1930 et 1958. Plusieurs actions ont été mises en place pour protéger et participer à la régénération des ressources naturelles et aux reboisements. On peut citer les aires marines et terrestres protégées (AMP), les aires et les territoires du patrimoine autochtone et communautaire (APAC), les parcs naturels ou les initiatives communautaires de régulation de la pêche telle que le Cadre de Concertation de Pêche du Soungrougrou (CCP). De nouvelles catégories d’acteurs se sont affirmées, à l’image des ONG et du secteur privé, une dynamique illustrée par le cas de Tobor.

En Guinée-Bissau, depuis les années 90, de nombreux parcs, réserves et aires protégées ont été créés. En 2023, les surfaces protégées couvrent plus de 15% de la superficie du pays, avec un objectif de 25%. On peut citer d’autres initiatives, telle que la création d’une Réserve de biosphère dans l’archipel des Bijagós, également site Ramsar, des Aires Marines Protégées Communautaire (AMPC) des îles Urok, des forêts sacrées… L’Institut de la Biodiversité et des Aires Protégées (IBAP), structure étatique née sous l’impulsion de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), gère les parcs naturels du pays, avec le soutien de bailleurs publics et privés et à travers des collaborations avec des ONG de droit local ou étranger. D’autres acteurs et fondations participent à ces dynamiques de gestion et conservation.

En République de Guinée, la gestion des aires protégées précoloniales a connu diverses formes, allant de la sacralisation à la gestion classique. Elle a évolué en fonction des coutumes des populations autochtones de chacune des régions naturelles du pays. Pendant l’époque coloniale, 167 aires protégées ont été mises en place dont 157 forêts classées, 4 parcs de refuge de faune et une réserve naturelle intégrale. L’Etat s’est approprié les aires protégées dans leur contexte contemporain seulement à partir des années 1984, et a progressivement mis en place de nouveaux dispositifs (législatif et institutionnel) de gestion. Avec l’appui des bailleurs de fonds, il a mis en place plusieurs catégories d’aires protégées (parcs nationaux, réserves de biosphère, aires protégées transfrontalières, zone de conservation) dont la gestion qui se veut participative en associant les populations locales. La conservation de la diversité biologique fait partie des priorités nationales bien que les moyens mis à disposition soient encore très insuffisants.

La Guinée a validé son réseau national d’aires protégées en 2010. Ce dernier couvre 8 % du territoire national et compte 53 aires protégées identifiées, dont les actes de création pour certaines sont validés et pour d’autres sont à préparer et à valider. Huit (8) sites disposent de plan de gestion en cours d’actualisation. Un effort important doit être fourni dans ce cadre. Comme labels internationaux, le réseau national d’aires protégées comporte 16 sites Ramsar (dont 10 sites continentaux et 6 sites marins et côtiers), 1 site du patrimoine, 4 réserves de biosphère.

Ces nombreuses initiatives et projets ont des répercussions sur les règles, les savoirs et la gestion des ressources par les populations et habitants de ces régions.

  1. Face à ces nombreuses initiatives et acteurs, quelle cohérence existe-t-il entre les différentes échelles et initiatives de conservation ?
  2. Les savoirs endogènes sont-ils des outils efficaces de prise de décision dans le processus de protection et conservation face aux acteurs externes ?
  3. Quelles opportunités et risques socio-économiques pour les communautés face à la multiplication de ces dispositifs ?

Date

11 Oct 2023
Expiré!

Heure

10:30 AM

Heure locale

  • Fuseau horaire : America/New_York
  • Date : 11 Oct 2023
  • Heure : 6:30 AM

Virtual Event

Catégorie

Intervenant

  • Constant Setonde Gnansounour
    Moderateur

    Enseignant Chercheur (Université de Namur), environnementaliste spécialisé sur les usages, services écosystémiques et menaces des écosystèmes de mangroves. Thèse sur la résilience face aux pressions anthropiques des écosystèmes de mangrove entre le Bénin et Togo.

QR Code